Les Chroniques de Sophie
Samedi 8 juin 2024
MARSEILLE
Vous avez déjà connu cette sensation quand vous arrivez quelque part, où vous ressentez une sérénité, une détente; Vous êtes littéralement happés par l’endroit, les bruits, les gens, les effluves; vous êtes à l’arrêt, comme spectateur, mais pas que.
Vous sentez au fond de vous, qu’ici, ça pourrait être chez vous.
Ça m’est arrivé dès mon arrivée à Barcelone et à Biarritz. Je ressentais une pluie de bonnes ondes inexplicables. Oui je suis hypersensible, cela doit expliquer cela, mais quand même. Dans ces lieux il y avait une légèreté dans l’air, du bonheur de vivre la vie pleinement, des sourires aux lèvres, une lumière, de la simplicité, de la spontanéité.
Je viens d’un monde où le mot compliqué est souvent employé, je l’ai d’ailleurs banni de mon vocabulaire. Un monde où la spontanéité, le contact physique, les déclarations sentimentales ne sont pas vraiment au coeur de l’ADN.
Dans ces lieux, je sentais mes épaules se détendre et mon coeur s’ouvrir.
Biarritz checked, mais Barcelone pas encore. La vie m’avait plutôt emmené à Madrid. Mais qui sait…?
En France, je m’étais dit le sud-ouest, parce que pour moi il n’y a que l’océan Atlantique mais la Bretagne, pas tout de suite, trop froid, trop gris, pas prête… même si je l’aime, je ne peux pas le nier, ça coule dans mon sang.
La Méditerranée ? Jamais, des plages de cailloux où tu ne peux pas t’allonger, les gens sur les uns sur les autres, payer des transats, le « m’as-tu-vu », les insultes, les cris, tout ça, me paraissait totalement surréaliste.
Et puis la vie vous joue des tours. Celle-là je ne l’avais pas vu venir.
Sans crié gare, vous vous retrouvez à Marseille.
Il y a presque 5 ans, je commençais à faire des aller-retours entre Biarritz et Marseille.
Je me souviens de deux choses futiles mais marquantes :
1- Je suis allée me faire les ongles, et là, les filles se parlaient entre elles, même si elles ne se connaissaient pas. Ça peut paraitre étrange, mais je vous jure c’est rare.
2- Je découvrais la cannebière : une grande artère en plein coeur de Marseille qui est un carrefour multiculturel. Je me souviens de la musique, de l’ébullition, des odeurs qui me tiraient vers Noailles. Une impression de retrouver le Maroc à quelques rues des grandes chaines de magasins et des bateaux du vieux-port.
On m’a fait découvrir la lumière, la mer, la nage avec un masque (et oui en Bretagne c’était la plupart du temps inutile car on ne voyait rien ;) , les apéros rochers-coucher de soleil, les oursins, les panisses, les calanques, les gabians, les gâtés, les cafoutches et j’en passe.
Alors j’ai dit oui pour rester et voir ce que ça deviendrait.
Il y a 2 ans, mes parents ont vendu la maison familiale. À mon retour dans le sud, je me sentais sans maison. Moi qui avait toujours bourlinguer à droite à gauche, déménagé 15 fois (ou plus je ne sais plus…), la maison familial était ma base. Je n’y avais plus accès. L’appartement dans lequel j’étais, l’appartement de mon chéri et de ses enfants, n’était pas encore le mien.
Marseille ? On commençait à s’apprivoiser.
Il y a 2 semaines je suis rentrée de Lyon. Là, Notre dame de la garde m’a accueilli comme à chaque fois à la sortie de la gare (cette vue est dingue non ?). J’ai repris mon vélo pour rentrer et ce moment est arrivé. Les épaules qui s’allègent, et le coeur qui s’ouvre; Le vent, la lumière, le soleil qui me chauffe, les effluves, la liberté dans l’air. J’ai compris à ce moment là que j’étais chez moi.