Les Chroniques de Sophie
7 décembre 2023
Cher-e toi,
En ce 7 décembre, je me posais la question : quelle serait mon inspiration ?
En raccrochant avec mon père qui fête ces 75 ans aujourd’hui, ce fût évident, Mon Papa.
Mon papa c’est la génération qui ont eu 10 000 vies en une. Famille pied-noir, il nait au Maroc, va à dos d’âne à l’école, apprend l’arabe et se retrouve à 7 ans (papa tu m’excuseras si c’était 8 ans…) en pensionnat en Bretagne, avec interdiction de rentrer voir ses parents parce qu’il faisait des fautes de français; j’imagine mon « beau-fils » dans la même situation, ça me brise le coeur.
Bref, scout marin avec le pompom et tout et tout, puis normandie, service militaire, études rennaises où je vous passe les folles années. Si vous faites le calcul, oui, il avait 20 ans en 1968 : LA LIBERTÉ et L’INSOUCIANCE.
Au téléphone ce matin, il me disait : « c’est fou votre génération vous devez vous battre pour tout; même pour trouver un travail. À mon époque, un chômage long c’était 2 mois ». Je vous laisse méditer.
Mais ça y est il a compris que j’aurais sûrement 10 boulots différents, que le CDI c’est pas toute la vie et que la retraite serait loin; et c’est OK papa !
La liberté c’était peut-être aussi l’absence du téléphone portable ? l’absence de GPS? l’absence de réglementation ?
On s’appelle sur le fixe, on se donne rendez-vous à 16h au café ? Ok
Pas de bol, je suis bloquée, 1h de retard, tant pis on verra s’il est encore là. Normal.
On se fume une clope en cours, dans la voiture, dans le train , au resto ? Normal.
Faire l’aller-retour en voiture Lyon-Normandie (je vous passe la description de la voiture de l’époque) tous les weekends pour voir sa femme et son fils pendant de longs mois, normal.
Ce que je ressens de cette époque c’est une liberté des moeurs incroyable, une fête de la vie, une absence de peur du lendemain qui me (nous) rend nostalgique.
Attention ils avaient aussi leurs propres batailles à mener. Mais je pense que mon père a transformé cette liberté en bataille pour les autres, pour rendre le monde meilleur.
C’est lui qui nous a engagé dès le plus jeune âge. Je ne me souviens plus à quelle âge j’ai commencé à me retrouver dans les galeries commerçantes des supermarchés l’hiver (bonheur, je peux vous le dire) pour récolter des denrées alimentaires ou vendre des fleurs pour des associations; ou encore tenir le téléphone du Téléthon pour noter les dons. Ça aussi, c’était normal.
Mon père c’est un homme, un mari, un papa, un père-castor professionnel (personne peut dépasser l’histoire du « pèèèère Hibouuuu », si vous voulez l’histoire j’essaierai de vous la raconter »), un grand père, un homme au grand coeur c’est certain.
Alors voilà, cette chronique c’était pour lui, pour les années 70 et maintenant j’ai une envie folle de regarder le Péril jeune…
Bonne soirée les copains-ines et merci papa.